Cette légende est due au moine dominicain Albert Le Grand (1599-1641) qui, dans son ouvrage la  » Vie des saincts de la Bretaigne armorique  »  (1637) aurait utilisé des documents anciens aujourd’hui disparus.

Sané , moine originaire d’Hybernie  est consacré évêque par saint Patrick qui le choisit comme successeur, mais Sané se démet de cette charge. Quittant sa patrie avec quelques compagnons sur une auge de pierre, il vient en Armorique où il débarque sur la grève de Perzell, près de Bertheaume, en Plougonvelin. Puis, traversant la forêt voisine appelée Lucos il consacre à la Vierge Marie le temple païen situé à l’emplacement de l’église actuelle avant de fonder un monastère au lieu-dit « Ar Cloastr » (le Cloître) en Plouzané. Après avoir évangélisé la région,  Sané retourne en Irlande vers 480 où il meurt peu après.

Il serait enterré sur l’ile de Scattery dans l’estuaire du Shanon près de Kilrush et pourrait avoir été confondu avec d’autres moines missionnaires irlandais tels Senan ou Sezni.

Navigation et auge de pierre

Il est fréquent de trouver dans les Vies des saints, la mention de leur arrivée dans des auges de pierre. Il pourrait s’agir en réalité d’esquifs encore utilisés de nos jours en Irlande, les coracles et les currachs, frêles embarcations faites de peaux tendues sur une armature de lattes et lestées de grosses pierres afin de tenir la mer. Certaines de ces pierres étaient spécialement creusées pour y emboîter les mâts des voiles, d’où la ressemblance avec des auges.

 

Ces récits de traversée sont généralement succincts et parfois accompagnés de tempêtes permettant aux « saints » d’accomplir des miracles. Le « saint » peut venir seul, souvent accompagné de nombreux disciples mais parfois aussi transporté par un équipage de marins. Les matériaux des embarcations sont tantôt en pierre, en peaux ou en planches.
Les navires en bois sont issus du « ponto » : bateau à fond plat, sans doute d’origine gauloise, « bonne à tout faire » de la marine marchande romaine.