Situé à la pointe du grand Minou, c’est le site militaire le plus important de la commune.
Attesté dès le règne de Louis XIV, il est fréquemment réaménagé particulièrement au XIXe siècle. Destiné à contrer toute tentative de débarquement anglais, hollandais ou espagnol, c’est un des nombreux éléments de la défense de Brest.
Préservé de toute occupation étrangère jusqu’en 1940 ,il est occupé par les Allemands et les Italiens et contribue à la défense de Brest contre les bombardements alliés et l’avance américaine.
Le site est aujourd’hui propriété du Conservatoire du littoral. Toutefois, la zone centrale est occupée par la Marine, en particulier pour des séances de tir. Elles sont signalées par un drapeau rouge et tous les civils doivent alors quitter le site.
les 1ères batteries côtières
Une batterie est connue dès 1693, équipée de trois canons ou mortiers . Leur portée, en complément des installations de Bertheaume, permet d’empêcher tout débarquement sur les plages voisines. Suite aux préconisations de Vauban, une batterie haute est construite en 1713 et dotée d’un pavillon. Cette batterie est complétée en 1793 par une batterie basse également dotée d’un pavillon. Ces deux batteries ont totalement disparu par suite des aménagements ultérieurs.
La tour fortifiée modèle n°3
Elle est construite en 1812. sur le modèle de celle que l’on peut voir encore aujourd’hui, en face, à la pointe du Toulinguet. Large de 9 m avec des murs de 50 cm d’épaisseur, elle est entourée d’un fossé sec et de glacis. Elle peut loger 8 hommes et leur officier ainsi que le gardien de la batterie. 2 caronades (canons courts et légers) assurent la défense.
Elle est détruite en 1884 pour faire place au réduit.
Le réduit
Ouvrage fortifié à l’intérieur d’un autre et destiné à l’ultime défense c’est à dire permettre aux troupes de se retrancher quelques jours en attendant des renforts. C’est une construction semi-enterrée protégée par un large fossé sec et d’énormes talus. On y accédait par un pont-levis à bascule arrière dont la machinerie est encore partiellement visible. Le casernement divisé en chambrées, ouvre sur une petite cour intérieure.
Le magasin enterré
Prévu pour alimenter les nouvelles batteries, cet immense magasin à poudre devient vite obsolète car il n’est pas suffisamment fortifié. Désaffecté, il est transformé en hangar à matériel.
la batterie de gauche
Elle est construite en 1884 pour 4 canons de 24; le front de terre est doublé d’un fossé et d’une escarpe défendue par 2 petits bastionnets tandis que le front de tête (ou de mer) est constitué par la falaise. Chaque pas de tir est séparé par une traverse creuse, l’ensemble formant une ligne légèrement courbe et comprenant un poste de commandement, un magasin à poudre et une casemate-projecteur.
Le tout est actuellement inaccessible car en très mauvais état.
la batterie centrale
En 1898, cette batterie accueille 4 canons à tir rapide. Il s’agit de 2 plateformes de tir , chacune pour 2 canons, séparées par une traverse centrale (pour limiter les dégâts en cas de chute d’un obus) et protégées par un parapet. Les traverses peuvent servir d’abri pour les hommes et le matériel. Cette batterie est conçue pour agir contre les superstructures faiblement blindées des navires assaillants.
la batterie de droite
A l’ouest, une première batterie devient rapidement obsolète. Elle est partiellement réaménagée en 1904 pour 4 canons de 24 à tir rapide nécessitant moins de servant tout en augmentant la cadence de tir. Ultra moderne, elle est dotée de magasins à mont-obus à manivelle.
Les Allemands remplacent les canons par des 75, surélèvent les plateformes et construisent les parapets. Les destructions datent de la libération de Brest en septembre 1944.
les projecteurs
En 1903, il y avait chaque mardi soir un essai des projecteurs sur l’ensemble du secteur (Toulbroc’h, Minou, Goulet et presqu’île ) . Ces essais sont décrits dans le livre de Coudurier De Brest au Conquet par le chemin de fer électrique, paru en 1904.
« Chaque mardi, une fois la nuit venue, les hautes falaises du voisinage s’inondent de lumière électrique. Les rayons d’énormes projecteurs surgissent de la masse sombre des batteries et s’en vont fouiller toutes les anfractuosités de la rade, cherchant le torpilleur silencieusement ancré au fond de quelque baie, ou rôdant, comme un rapide poisson vorace, à la recherche de sa proie.
L’électricité, fournie par un moteur soigneusement abrité, aveuglerait l’adversaire après l’avoir découvert, tandis que nos artilleurs, accourus à leurs pièces ; enverraient des ouragans irrésistibles à l’ennemi assez audacieux pour s’aventurer dans ces parages. »
Les casernements
A la fin du XIXe le nombre de militaires est devenu conséquent; des baraquements sont alors construits entre le réduit et la ferme.
La batterie allemande renforcée
Les Allemands installent une nouvelle batterie côtière. Des canons de 75, modèle 1908, sans doute pris aux Français, sont placés dans des encuvements bétonnés puis camouflés à partir de 1942. Mais les bombardements alliés poussent l’OT (Organisation du Travail de l’ingénieur Todt) à construire des casemates bétonnées en 1943.
En 1944, ils commencent les préparatifs pour une nouvelle batterie à l’ouest du site mais le débarquement en Normandie ne leur permet pas de poursuivre au-delà de l’excavation toujours visible.