Le « Korn bout »

Autrefois, en cas d’urgence, un vêlage par exemple, ou plus simplement à l’heure du repas, dans de nombreuses fermes on utilise un korn bout. Il s’agit d’un coquillage, d’un trognon de chou frais évidé ou d’une corne de bovin dans lequel « les anciens » soufflaient afin d’en faire sortir un son sourd et régulier destiné à appeler ceux qui travaillent aux champs. C’est le téléphone portable de nos ancêtres en quelque sorte…
La tradition perdure encore actuellement : lors de la « Fête du crabe » à Plouarzel chaque année en août se déroule un championnat international de korn bout.

Les sonneries de cloches

Longtemps les cloches sont le seul moyen efficace de communication.
Au XIIIe siècle, l’invention des horloges à poids permet d’obtenir des sonneries régulières qui rythment la vie quotidienne, égrenant les heures et les demi-heures. Les églises paroissiales adoptent vite la coutume monastique d’annoncer les offices, les retardataires hâtent le pas…
A partir du IXe siècle une sonnerie spéciale, le soir,  marque le couvre-feu, toutes les activités doivent s’arrêter. Dans la plupart des villes bretonnes, il existe jusqu’à une époque récente des cloches municipales qui sonnent l’heure de fermeture des cabarets, ce qui fait dire alors aux Brestois: « C’est Marie-Jeanne qui nous appelle ».
Au Moyen âge, les papes instituent les Angélus du matin, du midi et du soir et vers 1475, Louis XI, dont la dévotion à Marie est grande, ordonne dans tout le royaume « qu’on s’agenouille au son de midi pour réciter un Ave Maria en plus des sonneries traditionnelles du matin et du soir ».

Malheureusement parfois les habitants sont alertés par le tocsin, une sonnerie répétée et prolongée formée de tintements rapides de la cloche la plus aiguë (60 coups à la minute minimum) en actionnant directement les battants : signal de danger, de guerre qui reste dans les mémoires.
Gaby Leizour se souvient de François Quellec, le charron, travaillant dans le grenier d’une maison rue de l’Arvor, lui disant le 3 septembre 1939 « Gaby c’est la guerre » ; Gabriel Lars sarcle les rutabagas avec son père qui lui ordonne de rentrer à la maison à Brendégué tandis que Thérèse Lars et ses sœurs sont appelées dans la cour de la ferme à Kervéguen par leur père ancien poilu et l’entendent dire « C’est triste que ça revienne ».

Il s’agit de feu le plus souvent. Et quand le tocsin sonne, c’est très vite l’affluence au bourg ou en direction de la fumée ; les hommes ayant délaissé sur le champ tous travaux, arrivent avec seaux et récipients…

Les premières attestations de « la cloche des morts » semblent remonter au VIIIe siècle. La sonnerie spécifique très lente du glas annonce à la communauté la mort de l’un de ses membres et peut apporter des précisions sur le défunt : âge, sexe…Il peut retentir dès l’annonce du décès et accompagne souvent le cortège funèbre qui conduit le mort du domicile à l’église et de l’église au cimetière.
A Locmaria autrefois, le 1er novembre, pour rappeler la fête des morts le glas est sonné dès après les vêpres de la Toussaint jusqu’à 22h, Les 3 cloches doivent tinter constamment à tour de rôle en donnant un seul coup. Pour ce faire les battants sont bridés et cela donne un glas particulier très lugubre.

Heureusement il y a aussi toutes les fêtes carillonnées ! Les cloches sonnent alors à la volée et annoncent baptêmes, mariages, fêtes religieuses ou circonstances exceptionnelles comme lorsque le 11 novembre 1918 et le 8 mai 1945 toutes les églises de France ont annoncé l’armistice.

Au XXe siècle 

Bien d’autres moyens ont été inventés ou développés au cours du XXe s. pour communiquer des messages à la population, ou pour marquer le temps, et la place de la cloche tend à diminuer considérablement en ville.

Le téléphone, inventé aux Etats-Unis par Bell en 1876, est exploité en France depuis 1879 dans les grands centres urbains mais le réseau téléphonique départemental ne s’est  mis en place qu’au début du XXe siècle.
D’abord, la commune de Locmaria a refusé d’y adhérer n’y voyant qu’un avantage très minime (délibération du conseil municipal de mai 1909) puis, en juin 1911, entre dans le réseau et accepte d’aménager un local dont la gérance est confiée à Hervé Leizour cabaretier au bourg : il est chargé du téléphone public et de la distribution des télégrammes.
La guerre de 14-18 et le rappel sous les drapeaux du gérant posent problème au conseil municipal qui peine à trouver quelqu’un pour assurer l’intérim en particulier pendant la saison balnéaire. Devenu maire en 1925, Hervé Leizour choisit de passer la gérance à son épouse Madeleine qui l’assure de nombreuses années au Café de l’Union puis passe le relais à sa belle-fille Mathilde Leizour au Café de la place.
Une cabine téléphonique en bois est installée à gauche à l’entrée du bar tandis que le central installé plus tardivement, est posé près de la cuisine. Les télégrammes sont généralement distribués par le garde champêtre Jean Marie Arzel ou sa fille Soizig. Mais pendant les vacances les enfants Leizour s’occupent de la cabine et livrent aussi les télégrammes. Les abonnés de Locmaria n’ont jamais été très nombreux : 9 au maximum dont le château de Quéléren avec le n°1, l’hôtel d’Armorique  n°2, l’hôtel de la Cité n°3, Déolen n°4 et la mairie n°9. Les nuits sont souvent écourtées par une demande d’appel pour un médecin ou un vétérinaire ; dans la journée, plus tard, s’y ajoute l’appel à l’inséminateur.
Le 21 juin 1940 un officier allemand vient informer le maire Hervé Leizour de la réquisition de la cabine téléphonique. Une douzaine de soldats des transmissions portant l’uniforme de la Luftwaffe la monopolisent désormais, tout en prenant possession un temps, en guise de logement, du grenier de la mairie.

En mars 1942, le maire Henri Gestin est avisé que la commune bénéficie d’un abonnement accordé par les autorités occupantes. Après approbation du conseil, un poste relié à la cabine téléphonique est installé, ce qui simplifie les échanges d’informations avec l’administration.

À ses débuts, le réseau téléphonique est entièrement manuel. La commutation automatique se généralise progressivement après la 2de guerre mondiale mais le territoire français n’est entièrement automatisé qu’à la fin des années 70. Le plan de numérotation change plusieurs fois : de 6 chiffres il passe à 8 en octobre 1985 avec une refonte totale des numéros puis à 10 chiffres en octobre 1995 mais simplement avec l’ajout de 2 chiffres supplémentaires.
Le premier téléphone portable apparaît en France en 1991, c’est un objet de luxe par le coût de l’abonnement mais surtout par son prix d’acquisition : 25 000 F !

En 1985, la municipalité crée une agence postale au rez de chaussée de la mairie, la cabine téléphonique du Café de la place y est transférée et les services postaux sont assurés par une employée de mairie. Le bureau de poste est déplacé en 1995 après la démolition de l’ancien bar-tabac lors du réaménagement du bourg.
Progressivement, les commerçants, les artisans et les particuliers s’équipent tandis qu’une cabine téléphonique est installée contre le mur de la mairie, route de Plouzané et sur d’autres points de la commune.
Ces cabines ont perdu maintenant  de leur utilité avec le développement du téléphone mobile mais France Télécom devra en maintenir une dans toute commune d’au moins 1 000 habitants durant quelques années.

Les sirènes apparaissent pendant la seconde guerre mondiale pour les besoins de la Défense civile dans les grandes villes.
Locmaria s’équipe avant 1970, la sirène est alors placée sur le toit de la mairie.
Chaque premier jeudi du mois puis le mercredi depuis 1972, à midi, pour une minute seulement, ont lieu les essais des sirènes d’alerte à la population, comme dans toutes les communes du pays.

Une alerte peut être déclenchée pour signaler un nuage toxique ou explosif, un risque radioactif, une menace d’agression aérienne, certains risques naturels comme les inondations. Les sirènes peuvent être déclenchées par le ministre de l’Intérieur dans toutes les villes de France, le préfet ou le maire de la commune, dans les cas nécessitant une mise à l’abri immédiate.

La sirène de Loc-Maria s’est tue en 2004. Menaçant de se décrocher, elle devenait dangereuse et elle a été enlevée par les pompiers.