Après la nationalisation des biens du clergé en octobre 1789,  l’Assemblée constituante entreprend la réorganisation du clergé séculier qui passe sous le contrôle de l’État.

L’assemblée constituante adopte le 12 juillet 1790 la constitution civile du clergé. Le catholicisme reste religion d’État. Évêques et curés, touchant un traitement de l’État deviennent des fonctionnaires. Ils doivent, par exemple, lire et commenter les décrets de l’assemblée pendant la messe dominicale.

Faïence de Nevers

Sans attendre la décision du pape que l’on sait très hostile, le 27 novembre 1790, l’Assemblée exige de tous les évêques et les curés qu’ils prêtent le serment de fidélité à la Constitution. Seuls sept évêques sur 82 et environ la moitié des curés jurèrent. Les autres furent des prêtres réfractaires. Une fois la condamnation du pape effective, il y eu de nouvelles défections parmi les curés jureurs.

A Locmaria, le curé Inizan et son vicaire Jézéquel déclarèrent le dimanche 30 janvier 1791 à l’issue de la grand’messe qu’ils ne prêteraient point serment. Les électeurs du district de Brest élurent en mars François Morvan, vicaire de Plougonvelin, curé de Plouzané qui avait accepté ce serment. En avril, les prêtres non assermentés doivent quitter leur paroisse. Le 12 juin le curé Morvan vient s’installer au presbytère de Locmaria.

Suivant l’opinion de leurs prêtres les fidèles se divisent. Certains soutiennent les jureurs (ou assermentés), d’autres refusent d’accueillir le curé élu, le contraignent souvent par des menaces et des actions violentes à renoncer à son maintien dans la paroisse. Un culte clandestin assuré par des prêtres réfractaires se met en place.

Dès octobre, le curé Morvan est mal accepté par la population et le conseil municipal. Les plaintes réciproques affluent au district. En avril 1792, le district de Brest décide l’envoi d’un détachement de 600 hommes et 2 canons, aux frais des 2 communes pour maintenir l’ordre et obtenir la remise des vicaires réfractaires.
L’expédition militaire ne dure qu’une semaine; les vicaires ont disparu. L’opposition au curé est toujours aussi manifeste: refus des baptêmes de sa main, pétition au roi pour la liberté des prêtres non conformistes, refus de remplacer le bedeau décédé. Tant et si bien qu’en octobre 1793, le curé Morvan se retire au presbytère de Lanildut.
Pendant ce temps les vicaires Le Hir, Goachet, Jézéquel et Labbé sont entrés en clandestinité et exercent leur ministère de ferme en ferme. Mr Le Hir, sous un déguisement de meunier allait à cheval de grange en grange pour dire la messe et conférer les sacrements protégé par les sentinelles chargées de sa sécurité.

La déchristianisation s’intensifie: suppression des congrégations (1792), culte de la Raison (1792) et de l’Être suprême (1793), calendrier républicain (1793), interdiction du culte, arrestation des prêtres et exécutions (1794), vandalisme affectant les édifices religieux et les objets du culte…

A Locmaria, en dehors de la vente de certains biens religieux, on déplore la destruction du calvaire à l’entrée du cimetière et de la croix de Brendégué. Toutes les croix surmontant les stèles sont abattues. De cette période il reste une chanson humoristique en breton de 24 couplets étrillant le curé Morvan « intrus à Plouzané ».

Les églises sont ouvertes à nouveau à partir de 1795 mais le traitement du clergé est supprimé. La liberté de culte ne sera pas officielle avant le Concordat de 1802.