L’Émigration désigne le départ d’environ 140 000 personnes hors du territoire français entre 1789 et 1800, par vagues, en raison des troubles révolutionnaires. Ces émigrés, partisans de la monarchie absolue, craignent son effondrement. Ils sont généralement nobles, riches bourgeois ou bien ecclésiastiques. Certains émigrent pour combattre la Révolution de l’extérieur, d’autres pour se soustraire à ses rigueurs, puis pour échapper à la Terreur.
A la fin de 1791, les autorités constatant l’ampleur de la fuite des capitaux et l’augmentation des menaces aux frontières, prennent des mesures pour enrayer ce mouvement.
– rétablissement du passeport et obligation de rentrer pour le 1er janvier; peine de mort pour ceux pris les armes à la main.
– menaces de grosses amendes pour les récalcitrants, déclarés ensuite traîtres à la Patrie.
– confiscation de tous leurs biens le 30 mars 1792 ; ceux-ci viennent s’ajouter aux biens du clergé déjà nationalisés pour être vendus. Les familles deviennent otages.
– bannissement à vie et inscriptions sur des listes par commune (1793).
A Locmaria, les propriétaires de Kerscao, Lesconvel et Tremen, tous non-résidents, sont concernés: leurs biens sont confisqués puis vendus. Mr de Kervasdoué, parti avec ses deux jeunes fils dès la fin de 1789, n’échappe pas à la confiscation en 1794 et la vente en plusieurs lots en 1795 malgré la séparation de biens organisée avec son épouse. Celle-ci est même emprisonnée à Morlaix quelques mois. Devenu colonel dans l’armée de Charrette, Charles de Kervasdoué est fait prisonnier à Quiberon et fusillé à Vannes en 1795.
Sous le Consulat, pour mettre fin aux divisions nées de la Révolution, Napoléon Bonaparte accorde le 6 floréal an X (25 avril 1802) une amnistie générale aux émigrés. Ils peuvent rentrer en possession de leurs biens non vendus.
Madame de Kervasdoué rachète le manoir dès 1802 et entreprend de reconstituer le domaine. Ses deux fils reviennent en France, après leurs campagnes dans l’armée de Condé. Ils se tiennent à l’écart de la vie politique et restent l’objet d’un certain contrôle sous l’Empire.