Un peu d’histoire

Origine

Roue verticale

Roue horizontale

Le moulin hydraulique à roue verticale est d’origine grecque mais les moulins à roue horizontale seraient d’origine nordique et ont sans doute été implantés à la suite de l’immigration bretonne des IVe – VIe siècles. Ils ont l’avantage de pouvoir fonctionner sur de petits ruisseaux et ont un coût moins élevé.

Les droits seigneuriaux

Avant la Révolution de 1789, la construction d’un moulin est un privilège seigneurial. Depuis le Xe, le droit féodal ordonne à chaque paysan de faire moudre  son blé dans le moulin de son seigneur affermé à un meunier.
Nos ancêtres sont tous des banlieusards, mais la banlieue n’est pas ce qu’elle est aujourd’hui : dans un rayon d’une lieue (moins de 5 km) autour du moulin, tous les gens  qui habitent dans le ban du seigneur, dans la seigneurie, sont obligés d’utiliser le moulin banal, mais aussi le four banal.
1 lieue = 2400 toises (1 toise = 1,949 mètres) = 4677,6 mètres (moins de 5 Km). On compte cette distance « du lieu où est la somme de blé jusqu’à celui où elle doit choir », en suivant le chemin qu’emprunte normalement « le cheval chargé d’une somme de blé pour aller de la ferme au moulin ».
Du Moyen Age à la Révolution, on considère qu’une paire de meules suffit pour nourrir 200 personnes.

Cette banalité de moulin est très mal supportée. En 1774, l’évêque de Léon, Mgr de La Marche lance auprès des recteurs une enquête sur la misère et les moyens d’y remédier : « l’assujettissement à un certain moulin y peut aussi influer ; on entend tous les jours le colon gémir et se plaindre d’un meunier coquin auquel il sera assujetti » et en 1789, les cahiers de doléances des paroisses en demandent la suppression.
Paroisse de Plouzané : « …des corvées et servitudes féodales, particulièrement de l’assujettissement aux moulins ; la précision que nous voulons mettre dans nos plaintes ne nous permet point de vous détailler les vexations que nous souffrons de la part des officiers des seigneurs et surtout de celles de leurs procureurs fiscaux qui nous écrasent en frais et les meuniers par leurs exactions. Nos représentants près de Votre Majesté vous dépeindront leurs manœuvres, ce qui nous fait espérer d’en être délivrés ».
A la Révolution, la vente des biens de l’église et des nobles permet aux meuniers assez aisés de racheter leurs moulins à l’État. La banalité est définitivement abolie par le décret du 17 juillet 1793 : chacun devient libre de porter son grain à moudre là où il le veut.

Inventaire

Quelques enquêtes départementales, à la demande du gouvernement, permettent de se faire une idée de la situation à Locmaria. Elle est fort variable selon les époques.
– L’enquête du 13 frimaire an II (3 décembre 1793) répertorie 16 moulins.
– En 1809, la commune ne signale que 6 moulins, tous à roue perpendiculaire.
– En 1846 une enquête départementale relative aux travaux à effectuer sur les cours d’eau non navigables nous donne 19 moulins.
– Une nouvelle enquête en 1924 ne nous signale qu’un seul moulin encore actif, celui de Milin nevez.

Ces enquêtes, le cadastre de 1840 et des cartes anciennes nous ont permis de répertorier 25 moulins. Tous sont situés dans des propriétés privées.
En fonction de leur situation et donc de l’origine de leur eau, nous les avons classés en deux ensembles: le réseau côtier et le réseau de l’Aber-Ildut.

Les moulins côtiers (du sud vers le nord): 16

  • Sur le ruisseau de l’anse de Dalbosc:
    le moulin de Languiforc’h attesté en 1694 et 1793. Il est en ruine en 1840 et l’étang semble déjà comblé.
  • Sur le ruisseau de Déolen,  7 moulins de l’aval vers l’amont dont 6 mentionnés en 1793 et 5 en 1846:

Les moulins de la vallée de Déolen

2 pour Milin ar Creac’h à roue horizontale: l’un est attesté depuis 1476. Le moulin de l’aval était situé à la limite de la marée. Son fonctionnement devait être perturbé par les grandes marées. Il est démoli en 1904, peut-être à la suite d’un tsunami. Les ruines de celui de l’amont sont encore visibles, l’étang est fortement envasé. Il a cessé toute activité vers 1907. Lors des fortes tempêtes, le meunier montait se réfugier dans les autres moulins tant le fracas des vagues était assourdissant. Par grande marée conjuguée à une tempête, l’écume pénétrait dans la maison et inondait le rez-de-chaussée souillant une partie de la farine, une catastrophe!
Milin nevez: cette appellation n’apparait qu’au XIXe siècle sans doute à la suite d’une rénovation: la roue verticale de bois a été remplacée par une roue en fonte. Il était connu sous le nom de Theolen dès 1637 et dépendait du manoir de Lesconvel. Restauré en 1688. Malgré son état de vétusté, il est encore en service en 1793. Rénové plus tard, il fonctionne toujours en 1924. A partir de 1929, le système hydraulique est démonté.
Le moulin de Neiz vran, attesté depuis 1634. Il fonctionne en 1793 et s’arrête en 1894. A l’état de ruine actuellement.
Le moulin de Tremen attesté depuis la fin du XVIIe siècle, fonctionnait en 1793. Il est démoli en 1926. Disparu.
Le moulin de Lesconvel: on en recense 2 selon les époques. Un très proche du moulin du Tremen (XVe)  et vite abandonné au profit d’un nouveau un peu plus en amont. Celui-ci est abandonné vers 1637 au profit du moulin de Théolen puis réédifié en 1771. En service en 1793, il semble encore fonctionner en 1883. Il est démoli en 1901. Disparu.

  • Moulin de Portez

    Sur le ruisseau de Portez, de l’amont vers l’aval:
    Le moulin de Queleren fonctionne en 1793 mais est appelé vieux moulin en 1840. Disparu.
    Le moulin de Portez (à l’emplacement de la tour): mentionné en 1846, il est démoli en 1865 par les nouveaux propriétaires de Quéléren et l’étang est comblé.

  • Sur le ruisseau en limite de Plougonvelin: de l’aval vers l’amont, 4 moulins en 1846. Ils devaient être à roue verticale.
    le moulin de Porsmilin attesté depuis 1544,  est aussi appelé milin brennic (moulin des patelles ou berniques) et milin an aod (moulin du rivage) vu sa situation juste derrière la dune. Il a du fonctionner jusqu’en 1882.

    Pont-Rohel et Troharé

    Le moulin de Pont-Rohel, attesté en 1771, en service en 1793, en ruine en 1902 il démoli  pour installer l’usine électrique du tramway.
    Le moulin de Lanneuguic attesté en 1771, n’est pas mentionné en 1793. Quelques ruines encore visibles.
    Le moulin de Goulven, en service en 1793, est démoli en 1923. Quelques ruines sont encore visibles.
    – sur le ruisseau qui vient de La Madeleine, un moulin dépendant de Kervasdoué est attesté en 1524.

  • Il faut y ajouter sur un affluent à l’est de l’amont vers l’aval:
    Le moulin de Troleven , en service en 1793 et confisqué; démoli en 1898. Étang disparu.
    Le moulin de Troharé , en service en 1793 et confisqué; en ruines en 1922. Étang disparu.

Les moulins du bassin versant de l’Aber-Ildut, 8 du sud vers le nord:

  • Sur la rivière de Plouzané:
    Le moulin de Kerebest en service en 1793, mentionné en 1846, il est démoli en 1890. Disparu.
  • Sur le ruisseau qui conflue à Poncelin:
    Le moulin de Kerscao (en bordure de la route de Ploumoguer), attesté en 1539, en 1643, toujours en service en 1793, en ruine en 1840 mais mentionné en 1846. Disparu.
  • Sur le ruisseau de Dreizoc:
    – Plus à l’ouest, un moulin disparu signalé par son étang en 1840.
    Le moulin disparu de Brendégué: coz vilin en 1840.
    Le moulin de Kervasdoué: semble déjà disparu en 1840.
  • Sur le ruisseau qui conflue vers Kerzignen en Plouzané:
    Le moulin de Keruzas, en service en 1793, propriété du manoir de Kerscao, il est alors confisqué. Mentionné en 1846, transformé (?) en 1886, il est démoli en 1924.
    Les 2 moulins de Kericart, attestés dès 1538 pour le domaine de Kervasdoué. En service en 1793, ils seront confisqués. Semblent en service en 1840.